le 8 mai 2017: Ami, qu'entends-tu?

Le premier jeu nous permet de récupérer des mots  en partant de deux mots tirés de slogans entendus durant la campagne électorale : chance et ordre.

Avec tous ces mots, nous créons des phrases sur le modèle « j’entends le loup et le renard chanter », certain noms communs devant se transformer en verbe.

Les phrases crées sont mises au chapeau, chacun en récupérant deux.

L’écriture proprement dite va pouvoir commencer.

Les consignes : - une phrase du chapeau sert d’incipit, l’autre doit apparaitre dans le texte
-        une image, la même pour tous, inspire l’écriture

-        chacun reçoit la photo d’un lieu qui va se retrouver dans le texte
-        des mots sont tirés au hasard en cours d’écriture et sont insérés au plus vite: étiquette, vieillesse, classement, lait



J’entends la tomate et la boussole se passionner pour les mystères de l’humanité.
J’entends une petite voix me pousser ou non à agir, comme si quelqu’un cherchait à me chuchoter un message à l’oreille. 

 Mais ses paroles se perdent dans l’immensité d’un paysage inanimé en apparence où des forces étranges cohabitent entre les grandes pierres dressées.
J’entends aussi des informations qui ne me concernent pas.
J’entends un enfant chanter dans sa tête

J’entends un marchand réfléchissant à sa nouvelle étiquette
J’entends Alice et le nain se rigidifier quand ils passent à proximité d’une église
J’entends…
J’entends…
J’aimerais ne plus entendre mais ce n’est pas à moi de décider.   Peut-être la boussole passionnée parviendra-t-elle à me délivrer !
Et alors je pourrais avoir une vieillesse sereine et légère, je pourrais me coucher au milieu d’un cercle de pierres et n’entendre que ce que je veux, n’entendre que ce qu’il faut.  En attendant une vieillesse prochaine, je me plais seulement à écouter.
     Aiyana



J’entends la belette et le roi de cœur ranger dans un lieu improbable où les hommes se perdent dans des robes blanches et les femmes dans des robes noires. 

J’ai longé les galeries sans fin croyant trouver l’étiquette d’une boutique alimentaire.  Mon cœur se soulevait au passage de Dior, de Gucci et autres magasins de luxe qui diffusaient des parfums à la mode.  Mon hypoglycémie s’amplifiait et des vertiges m’assaillaient, je commençais à entendre des murmures étranges dans ma tête.  Décidément, la vieillesse m’assaillait par un biais inattendu… entendre des voix !  J’entends l’étagère de l’école se vider et les marbres rutilants bruisser sous les pas de ces personnages en robes noires et blanches comme du lait.
     Annie


J’entends le bonheur et l’avenir soigner.


Sous la brume, le cœur de mon pays danser.
Dans les champs cultivés, la nourriture pousser.
Sous les toits de chaume, les femmes chanter.
Dans les étables, les étiquettes voler.
Mais le bruit des bottes n’est pas loin.
J’entends le classement et la faculté soupirer.
J’entends la voix de Jeanne nous prévenir.
Sa vieillesse est bonne conseillère, mais le ciel étouffe sa voix.
J’entends les volets se fermer,
les hommes rentrer des champs sans parler,
le soir venir,
le lait se cailler.
     Françoise F.


J’entends Alice et le crétin prier.  Ce n’est pas dieu possible !  La première fois où ça m’est arrivé, ce fut très perturbant.
Ce matin-là, je m’étais réveillée défrisée, les bouclettes raplapla.  Une voix bienveillante à l’oreille me murmura que ce n’était pas possible, que le pays était maintenant en ordre, qu’il fallait le cheveu lisse, la raie sur le côté et la moustache droite.   
Je pris donc rendez-vous dans le salon du quartier pour remédier à cette anarchie capillaire.
Quelques heures après, j’étais installée sur le fauteuil étiqueté 40-45, la tête dans le casque afin de parfaire ma coiffure bien aplatie.  Et c’est à cet instant précis, dans le casque, que j’entendis les prières d’Alice et du crétin.

Ils disaient, dans une profonde litanie, que ma place n’était pas ici, dans ce fauteuil sagement aligné,  à attendre la vieillesse.  Mon destin était de courir dans les prés à piétiner librement les pissenlits.  Aussi, je pris la poudre d’escampette avant que la coiffeuse n’ait eu le temps de m’implanter la moustache.

Désormais, je n’écoute plus les anges qui murmurent à mon oreille, je fais uniquement confiance aux voix d’Alice et du crétin.  Je vis au milieu de nul part et j’entends la ville et la sérénité se perdre.
     Françoise M.


J’entends le soldat et la laïcité alphabétiser.
Le soldat s’approche de moi, il a de beaux cheveux noirs comme l’ébène.  Son corps n’est couvert que d’un linge blanc, et il me souffle à l’oreille
-         J’entends la belette et le chapeau danser
-         La belette et le chapeau danser,  Mais où est la belette ?  C’est un vrai labyrinthe ici !  j’ai si peur de me perdre !

-         Ne t’inquiète pas, dit le soldat, tu n’es pas seule, des randonneurs sont là pour te guider.  Ne te fie pas à la mousse, elle est partout la même, grasse et vert émeraude
Je prends mon courage à deux mains et m’enfonce dans la gadoue, au diable les étiquettes !  je suis de bonne famille, j’ai même du sang noble dans les veines, mais j’aime aussi l’aventure !

La boue, les arbres, l’herbe, la terre… tant pis pour ma belle robe.
Je n’ai pas envie de regretter ma vie de nonne une fois que la vieillesse aura pris possession de mon corps !  Je me retourne et crie:

-         soldat, viens-tu avec moi ?
-         Oh non, je ne peux point, j’ai le chapeau à retrouver.

Je continue ma quête, j’entends les branches craquer sous mes pieds, je dérape sur une feuille morte, manque de tomber et me rattrape à une branche qui cède.  Me voilà les fesses bien basses !
Tout à coup j’entends un cri, je vois quelque chose bouger.  Serait-ce une bête ?

Je me rue dessus, l’attrape dans mes mains et tout devient blanc, blanc comme le lait.
J’ouvre les yeux, je suis dans mon lit.  J’ai rêvé !  Oh, ce que j’aime rêver…
     Lucie


J’entends l’école et la passion choisir. 
L’école c’est la raison.  Celle qui me dit de trouver la meilleure affaire, le meilleur ratio qualité/prix, avec le plus de puissance mais qui consommerait le moins possible.


La passion me dit de choisir la plus belle, la plus ancienne, le coup de cœur.
C’est bon pour se perdre !
Et entre la Toyota break et la Mercedes, je me perds !
Soudain, derrière moi, j’entends la bonne santé et mon avenir se ranger.  Une magnifique 4L jaune vient de se garer.  C’est comme si je l’avais entendue avant même d’avoir pu l’imaginer.  Elle m’avait parlé avant même d’apparaitre.
Nous nous étions trouvées.  Elle n’avait pas d’étiquette.  Personne ne l’attendait.  C’était ma trouvaille innocente, ma destinée bienveillante.
Plus d’école-raison, seule la passion importait.
Je ne voyais qu’elle.
Le ronronnement de son moteur m’appelait.  Sa vieillesse n’avait pas d’importance.
Qu’importe qu’elle consomme et qu’elle n’ait pas d’airbag… elle m’avait trouvée !
     Margot


J’entends la peur blanche de la tomate sous cette serre.


-         Pourquoi, ici dans la serre ? se dit notre tomate
Une voix lui susurre à l’oreille :
-         Ici, en Patagonie, il peut y faire très très froid.  Le jardinier a voulu te protéger
-         mais aujourd’hui tu ne pourras pas te perdre, lui répond la sage jeune-fille, car sur ton étiquette il est écrit que tu seras replantée en fonction de ton classement dans ce magnifique jardin.  Regarde, sa clôture te protège de ce militaire qui se crétinise et nous tous, nous entendrons la voix du Bouddha qui nous enseignera : « la vieillesse est sagesse »
Sa peur n’était plus blanche comme le lait et quelques jours plus tard la tomate était rouge comme la maison de son jardinier.
     Martine


J’entends la belette et la vache jouer aux cartes sur les pentes du Col du Galibier pendant que le peloton passe.


Eux ils grimpent, la belette et la vache descendent sans se perdre.
Les coureurs sont professionnels, la vache et la belette ne le sont pas.
Dans 20 minutes le peloton sera passé, la vache et la belette seront toujours là.
Les coureurs du tour de France respectent l’étiquette, la vache et la belette s’en foutent de l’étiquette.
Quand la caravane est passée, j’entends le trèfle et la surprise revivre comme tout le paysage revit.
Le tour de France c’est le cirque, le spectacle, l’animation.
Le col du Galibier c’est la vieillesse, la nature.
L’esprit de Jeanne d’Arc y vit et dit : « aux armes coureurs du monde entier ;  Allez plus vite, allez plus haut et pensez à votre classement et à votre renfort de lait. »
     Paul



J’entends l’ordre et Alice classer.

Dans les tours austères dressées avec arrogance au-dessus du village, à la lumière de l’astre nocturne, elle continue sans relâche à ranger, ordonner et organiser l’ensemble des infos qu’elle reçoit, pour ne pas se perdre dans la masse des mots, des idées et des suggestions qui accaparent son esprit.
Les villageois dorment, sans soucis du lendemain puis qu’inexorablement le jour suivra la nuit.  Mais Alice ordonne, trie et range soigneusement avec des étiquettes pour classer ce qu’elle reçoit mais ne peut pas transmettre… Telle une Cassandre, elle s’échine à toucher les gens mais personne ne l’entend.
Elle ne dort plus, elle ne mange plus, j’entends déjà la maladie et l’estomac boudiner… et la vieillesse s’éloigner chaque jour.  Mais son œuvre sera là, bien triée, bien rangée, accessible seulement lorsque les hommes seront prêts à entendre, quand leurs esprits seront ouverts à autrui, à ailleurs…
En attendant, c’est l’ordre qui aide Alice à avancer, c’est le classement qui l’aide à continuer.  Car les choses rangées seront faciles à retrouver, à condition d’en avoir la volonté.
     Remke




Nous terminons avec une écriture courte

Chacun reprend sa photo de lieu et la passe au voisin.

On se téléporte dans le lieu et on note 3 choses que l’on y entend.

On passe la photo au voisin et on recommence avec la nouvelle photo que l’on vient de recevoir.

On a donc 2 groupes de 3 choses.



Sur le modèle de « ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaine » on écrit une question en plaçant les 3 mots du 1er groupe. 

On met la question dans le chapeau, on en tire une au hasard et on y répond en introduisant les 3 mots du 2ème groupe

Ami, entends-tu les klaxons de la métropole, entends-tu l’hélicoptère et les cris se perdre dans la nuit ?
Oh mon ami, non je n’entends pas tout ce que tu dis là !

Pourtant, sur la même planète, nos paysages sont bien différents.

Là où j’entends les vagues s’écraser sur le sable, tu entends l’hélicoptère s’envoler.

Là où tu entends les klaxons de la métropole chanter, c’est la mouette qui me répond.  Et le vent dans les feuilles de mon pré n’est autre que les cris lancés dans ta nuit.

Si loin mais si près, nous sommes reliés.
     Aiyana


Ami, entends-tu la chute des gourdes vides sur la route, le vent violent entre les roues des vélos et le frottement des roues sur le bitume ?
Oui, j’entends le bruissement des roues sur l’asphalte plutôt que le frottement.  Mais j’entends aussi le cri du choucas et le vent des cimes.
     Annie


Ami, entends-tu les voix peu perceptibles des femmes ?  Des pas qui glissent sur le carrelage et l’eau jaillissant de la fontaine ?
Oui, j’entends clairement les voix peu perceptibles des femmes dans le murmure des pierres, j’entends l’écho de leurs pas, qui glissaient alors sur le carrelage de terre cuite, se faufiler dans le flottement des herbes .

J’entends la danse de leurs âmes à travers les gouttes jaillissant de la fontaine.
     Françoise F.


Ami, entends-tu les coups saccadés duc pic-vert, le vent dans les feuilles et le chuintement des pas dans la mousse ?

Hélas, je voudrais tant les entendre !

Maintenant, je n’entends plus que le sifflement de mes poumons qui étouffent, couvert par le cri des klaxons.  Je n’entends plus rien depuis que mes pas ont quitté la douceur de la mousse pour monter à l’arrière d’une 4L jaune.
     Françoise M.



Ami, entends-tu le pas lourd des vaches qui broutent dans la mousse ?
Je n’entends pas les vaches, quoique Lady Gaga passe à la radio.

T’as vu comme ça broute une vache ?  Ça va plus vite que des ciseaux de coiffeur et ça meugle comme un sèche-cheveux !

Non, franchement, je ne les entends pas, je dois avoir de la mousse dans les oreilles.
     Lucie


Lumières, entendez-vous la cloche sonner sur les imposantes tours ?
Non, en tant que lumières éclairées, nous préférons écouter les arbres qui grincent, les feuilles qui tombent et la mousse qui pousse.
Les cloches que nous entendons, ce ne sont pas celles des imposantes tours lointaines, ce sont celles des vaches et des brebis qui gambadent dans la forêt.
     Margot



Ami, entends-tu le cliquetis des ciseaux, les vrombissements des casques soufflants et le pépiement des coiffeuses ?
Oui, le vrombissement des casques soufflant comme le vent dans les plantations.  Le cliquetis des ciseaux ?  Non car le chant des hommes le recouvre.  Le pépiement des coiffeuses ou les paroles des femmes restant au village sont similaires.
     Martine


Ami, entends-tu les oiseaux chantant, le bruit des vagues et la brise sur ton visage ?
Oui mon ami, je l’entends et je l’adore.
Comme j’adore le bon vin italien de Toscane en compagnie de quelques touristes et la guide qui me dit « ti amo ».
     Paul


Moustique, entends-tu les palabres des femmes qui couvrent le bruit des gouttelettes d’eau ?
Oui, j’entends les conversations étouffées des femmes.  Car, tapi derrière l’oreille gauche du lion de la fontaine, je perçois leurs palabres à travers le bruit des gouttelettes d’eau.  Leurs voix sont claires même en sourdine, leurs mots sont sûrs, même pour Noureddine !  Les bips bips lancinant d’un jeu vidéo en ponctuent les silences.  Les claquements de talon d’un acheteur décidé m’en transmettent le staccato !
     Remke







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