le 18 avril 2016: la Russie

après un 1er jeu autour des mots russes passés dans la langue française,
voici le premier texte avec comme consignes:
- un incipit
- un lieu, un personnage, un aliment et un mot tirés au sort
- des mots "russes" à placer en cours d'écriture.


André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
Juste de retour de Saint Pétersbourg, il n’aspirait qu’à une chose : quelques jours de repos dans sa datcha.  Loin du bruit, de l’agitation, le calme de la forêt aurait un effet apaisant sur ses nerfs fatigués.  Il avait en effet l’impression d’avoir eu la tête traversée par tout un groupe de houligans.  Même la vodka ne lui faisait plus d’effet.  Il tournait en rond et une question revenait en boucle dans sa tête : qui était donc Potoraski ?  Ce n’était pas le moment d’aller au bistro, les photos des rescapés du goulag le feraient sombrer dans une mélancolie sans fond. Une rafale de kalachnikov retentit au dehors et le tira de ses sombres pensées.  Il était temps d’agir.  Mais sa tête, aujourd’hui, pesait plus lourd qu’un mammouth.
                   Caroline
 


André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
car ce matin il avait eu une discussion avec une danseuse du grand ballet russe.  Une femme vraiment à l’âme russe qui habite une datcha au sud de Moscou.  Elle avait démarré toute une philosophie sur la comparaison entre le hooliganisme et le caviar.  Tous les deux, on les trouve dans les bistrots à Stalingrad et tous les deux sont rares.  Elle prétendait que tous les houliganes devraient être envoyés dans des goulags en Sibérie et sans caviar.  Et à la fin de la discussion, elle proposait d’envoyer des kalachnikovs aux grandes surfaces en France qui s’appellent Mammouth pour faciliter la vente.
                            Paul

André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
Il but d’un trait son petit verre de vodka.  Il se sentit comme Baba Yaga.  Pour s’éloigner le plus rapidement possible de cette sorcière, il courut sur la grande place.  Au fait, cette grande place, comment s’appelle-t-elle ? Comme ces datchas pourtant si connues à la sortie de Moscou.  Vodka et Baba Yaga ont fait leurs dégâts…  
Pourvu que je ne rencontre pas ces houligans, se dit André Vassiliévitch Krovine… Ce n’est pas en philosophant avec eux et vu mon état alcoolisé que je m’en sortirai.  Ouf, le bistro était juste à l’angle.  Un peu de repos et un bon café noir bien serré pour me remettre de ma peur et de ma vodka !  Quelle diversité dans ce bistro.  Il y avait Nathalie, cette si jolie guide.  Je pourrais la suivre jusqu’en Sibérie, même jusqu’au goulag s’il le fallait.  « Elle avait un si joli nom mon guide… NATHALIE ! »  Dans ma tête, aïe, aïe, la vodka continuait son effet.  J’avais l’impression d’entendre le tir d’une kalachnikov.  Jamais je ne l’aurais utilisée même si un mammouth me chargeait.  Pourquoi n’irait-il pas danser au Bolchoï ?... je dis n’importe quoi.  Pourvu que le café me fasse reprendre mes esprits et que ce mammouth retourne dans sa steppe.  Et que Nathalie me fasse traverser la Place Rouge sous les applaudissements des houligans redevenus des hommes. –« André, retourne te reposer dans ta datcha et merci pour ce voyage dans ton pays. »
                            Martine



André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué.  Il savourait le samovar de thé, il se sentait les nerfs un peu malades.
Il allait à la datcha se reposer.  Il partait voir le Bolchoï pour se changer les idées puis il allait se promener dans la prairie.  Puis, il apercevait les houligans, il était apeuré.  Il prenait ses jambes à son cou et traçait son chemin.  Ensuite, il écoutait une très belle chanson dans un bistro où il buvait de la vodka ou du café. Puis il dansait.  A boire, il s’est retrouvé au goulag.  Et oui, boire ou conduire il faut choisir.  Je pense que cet endroit n’a pas bonne réputation et on n’y est pas bien car il y a des personnes qui ont des kalachnikovs plein les mains.  Et ça, c’est pas terrible pour ces hommes et ces femmes.  Et puis vient le mammouth qui tourne autour ;  « Va-t’en, tu vas te faire tuer comme les autres !   Pour moi paix et bonheur pour tout le monde. »
Christiane


 

André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
Alors, pour se remettre un peu en forme, il demanda à son domestique de lui apporter un verre de vodka ainsi que ses poupées russes car il adorait les empiler et les disposer partout dans sa datcha, chaque fois différemment.  Il vivait en Sibérie, dans un désert très grand.  De temps en temps, l’été, des jeunes venaient jouer aux houligans pas loin de sa cabane.  Il n’aimait pas aller au bistro avec les autres de son âge car il préférait être seul et, surtout, sa vodka à lui était bien meilleure !  Il buvait beaucoup, cela l’aidait à oublier que sa femme et ses enfants avait été emmenés dans un goulag puis tués avec les autres réfugiés.  Lui avait réussi à s’enfuir et vivait maintenant seul rongé par la culpabilité.  La nuit, il faisait des cauchemars avec des kalachnikovs.  Heureusement que son domestique était là pour lui apporter son verre de vodka.  Parfois, quand il en buvait trop, il voyait des mammouths par la fenêtre, mais cela n’était que son imagination.  Malgré cela et les médicaments, il tomba encore plus malade.  Un jour, alors qu’il allait mieux, il décida de sortir pour voir les jeunes jouer aux houligans (même s’il détestait ça).  Malheureusement, un joueur percuta le vieil homme et il mourut sur le champ.  Son serviteur l’enterra et reparti vivre en ville car il en avait assez de vivre reclus.
                         Perline

André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
La vie à Moscou était trop rapide et bruyante depuis que Lénine était tombé de son piédestal.  Tous les soirs, sur la Place Rouge, ça dansait, hurlait, rigolait.  « Eh yo kalinka et kalinka »  Ces « kalinka » étaient comme des petits marteaux sur son épiderme, voir plus loin dans son corps.  Une datcha, au calme dans la forêt de bouleaux de son enfance, près de lui un samovar avec son thé préféré.  Mais alors qu’il se projetait au calme, maintenant c’était une bande de houligans qui avait investi la place.  Et leurs « kalinka » et « katchaka » qu’ils lançaient comme un cri de guerre lui arrachaient les tympans.  Un petit bistro parisien, celui où il allait pendant ses études de philo, c’est ça dont il rêvait comme refuge maintenant.  Sa chambre de Moscou lui semblait aussi peu confortable dans ce vacarme qu’une cellule de goulag.  Dehors, toujours ces « kalinka katchaka » des houligans de plus en plus fous, excités, certains avec leurs kalachnikovs tiraient vers le ciel.  Mais le ciel, que leur avait-il fait ?  André Vassiliévitch, en pleine régression, se rêvait mammouth et s’imaginait galopant sur la place et, d’un coup de patte, « kalinka tchak » écrasait ces vauriens !
Odile

André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
Assis à sa fenêtre, il regardait avec inquiétude et tristesse le désert blanc de neige qui s’étendait silencieusement devant lui.  La nuit profonde était descendue imperceptiblement sur la plaine transsibérienne qui entourait sa datcha.  Sans avertissement, des cris rêches et stridents déchirèrent le silence.  Les houligans reviennent !  André a beau essayer de chasser ces  bruits horribles avec la bonne odeur de la goulache qui mijote sur le feu, ou avec des rêveries tchekhoviennes, ou des soirées agréables au bistro, c’est toujours la vengeance et ses souvenirs des années passées au goulag qui reviennent.  Des volées de kalachnikov, des hommes qui tombent en rafales, du sang partout.  Avec un suprême effort, il s’efforce à repenser à son mammouth, celui qui sur les steppes glacées de sa mémoire vient le prendre dans sa trompe protectrice et le porte doucement en sécurité…
                          Candy

André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades.
La veille, à la sortie du cours qu’il assure tous les mardis au Collège Français, il s’était lancé dans une danse tourbillon avec Madame Olga, la professeur de russe.  Il en avait profité pour lui glisser dans l’oreille une invitation pour un weekend end dans la datcha au bord de la Volga.  Mais non, Madame Olga ne partira pas avec lui ! Depuis, Andreï Vassiliévitch broyait du noir comme un hooligan désœuvré.   Madame Olga lui préférait certainement ce Molotov, ce professeur de chimie plus que douteux.  N’était-ce pas eux qu’il avait aperçus au bistro, grignotant ces typiques petits gâteaux aux graines de pavot ?  Mais il n’avait pas dit son dernier mot, Andreï !  Il se sentait l’âme d’un apparatchik capable d’envoyer n’importe quel innocent au goulag.  Sa vengeance serait terrible.  Il allait de ce pas inviter Madame Ludmila, la professeur de danse aux jambes aussi gracieuses qu’une kalachnikov.  Ce n'était pas pour rien qu’il avait investi dans cette fourrure en mammouth hors de prix pour équiper la datcha du bord de la Volga !
                     Françoise M.


Le second texte: "dans le Transsibérien avec Sylvain Tesson"
Un court extrait de L'Axe du Loup est lu avec 5 interruptions.  A chaque coupure, on écrit... Seule la phrase précédant la première interruption a été recopiée.



Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
Nina était d’une blondeur splendide et Sergueï si frêle pour un russe.  Je les observais essayant de comprendre quel lien les unissait.  Dehors, toujours une blancheur laiteuse, le train continuait son ronron.  Sergueï se leva, sorti dans le couloir en me jetant un regard dur et froid.  Lui, si petit et si frêle, comment ses yeux bleus pouvaient-ils avoir cette force ?  Je compris bien vite que je devais me tenir sur mes gardes et ne rien entreprendre avec Nina.
Nina est là, genoux serrés, regard perdu sur le paysage qui défile mais tenant fermement un sac visiblement rempli de nourriture.  L’odeur des saucisses dans leur sac me donne des crampes d’estomac.  Il faut dire que la restauration à bord du Transsibérien propose soupe sur soupe et un bout de porc ferait bien mon affaire, faute de conter fleurette à la belle Nina.  Elle semble avoir profité de son séjour en sanatorium plus que le petit Sergueï aux yeux glacés.
Sergueï, revenu de sa déambulation dans le couloir, m’invite à manger du saindoux.  Juste du saindoux qu’il me sert, à moi qui ne rêve que du décolleté de Nina !  C’est un pourri ce p’tit gars-là, à croire qu’il a manipulé des tas de compatriotes et qu’il se régale avec l’étranger que je suis.  Maintenant, c’est bières sur bières, fortes, amères et tièdes.
J’ai vite besoin de trouver les toilettes et je m’échappe de cette débauche de gras et de bibine. Finalement, un bon bortsch de betteraves, ce n’est pas si mal.  Mais dans le bol qui m’est servi, deux grosses betteraves surnagent : les seins de Nina, là, devant moi à nouveau !  Plus fermes que ceux de la serveuse Ludmilla. 
Je ne peux plus rien avaler, je retourne me coucher.  Une purée fumante m’attend au compartiment.  Je n’en peux plus.  Je n’ai qu’une envie, celle de crépir le Sergueï avec… oserais-je ?
                                               Odile

Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
Nina et Sergueï montent dans le train avec leurs bagages et les gâteaux et la vodka pour la route.  Ils entrent dans le compartiment et commencent à chanter et à danser.  Sergueï sort son accordéon et tout le monde est content, joyeux pour faire cette longue route.  Puis montent des voyageurs, des voyageuses et des enfants avec leurs sacs et dedans se trouvent plein de bonnes choses
Ils engloutissent les saucisses, le goulache et tout le monde mange.  Hum, quelle odeur !  Tout est mélangé mais tout ça est bien bon.  Et hop la vodka !  Un petit coup c’est agréable, boire un petit coup c’est doux…  Et puis le train roule, roule avec ses paysages magnifiques.
Sergueï et Nina m’invitent à les aider pour boire cette bière.  Je n’ai pas l’habitude mais pour pas les vexer je trinque avec eux.  Une et puis deux, il faut que je fasse attention car je ne tiens pas l’alcool.  Mais avec la musique je me sens bien, et un pas puis deux.  Quelle joie d’être ensemble et de s’amuser et de chanter.
Je suis partie au wagon restaurant pour boire quoi ?... du café bien sûr car je pense que je ne suis pas dans mon état normal et puis je mange très léger car j’ai le ventre qui a gonflé.  Tout ça n’est pas très sérieux mais ce n’est pas grave, je suis bien.
Nous nous sommes bien régalés, merci pour tout, pour l’ambiance et pour ce partage.  Bon voyage à tous !
                                               Christiane
 


Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
C’est un jeune couple qui rentre de voyage de noces, fatigués mais heureux.  Nous faisons un peu connaissance, mais j’ai l’impression qu’ils cachent un secret.  Ils parlent peu d’eux et m’interrogent beaucoup.  Je reste prudent malgré leur air sympathique.  Après avoir bavardé, ils ouvrent leur sac rempli de nourriture et je me rends compte, maintenant, qu’ils ont les joues creuses et semblent affamés.
Ils engloutissent les saucisses, le pain, les fruits avec une rapidité effrayante !  Après avoir terminé, je leur demande s’ils veulent un peu de mes provisions.  Après une brève hésitation, Sergueï accepte volontiers et me remercie avec ferveur.  Ils mangent à nouveau et finissent la moitié de mes provisions à la même vitesse.
Après cela,  ils sortent la bière et proposent de la partager.  J’accepte volontiers mais je me promets de ne boire qu’une demi car ils sont peut-être affamés et généreux, ils n’en restent pas moins étrangers.  Malgré cela, je bois avec eux toute la nuit en rigolant de leurs blagues et en parlant fort.  Puis, je m’endors.
Le lendemain, les voyant encore en train de boire, je m’échappe le plus vite possible.  Je me retrouve au wagon restaurant afin de les éviter, surveillant l’entrée de peur de les voir arriver pour venir me chercher.  Les gens me regardent bizarrement mais cela m’est égal, je ne veux pas retrouver ce sentiment de danger perpétuel en leur présence, ils me font peur.  Mais la nuit, le wagon restaurant ferme et je suis bien obligé de rejoindre mon compartiment.
Quand j’ouvre la porte, je les vois tous les deux assis face à moi avec, devant eux, trois bouteilles de bières encore fermée.  Alors, en cœur, ils prennent la parole et me disent : « Nous t’attendions pour commencer et te voilà… alors bon appétit ! »
                                               Perline


Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
Nina et Sergueï sont frère et sœur, heureux de monter dans le Transsibérien pour rejoindre leurs vieux parents qui vivent aux environs de Vladivostok.
Soudain, dans le couloir, retentit la cloche qui annonce que le wagon restaurant est ouvert.  Cela me donne faim avec mon petit sandwich aux harengs, je me sens ridicule.  Mais je l’englouti aussi goulument que le repas de ces deux jeunes gens.
Sergueï m’offre une bière.  Cette bière me convient et elle brise cette gêne.  Nous voilà en grande conversation et les 6° de cette bière nous permettent de refaire le monde.
Mais gardons nos distances, il y a encore de la route… du train à faire !  Soudain une odeur agréable arrive à mes narines et Nina s’écrie : « Allez, nous partageons cette purée avec toi.  Elle nous rappelle tant celle que prépare Petite Mère.  Allez, goûte-y.  Bientôt nous en aurons chez nos parents. »  C’est vrai qu’elle est bonne et cela me remet de cette Ludmilla et ces verres de vodka.
                                               Martine



Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
Ces deux jeunes sont en quête d’aventures et voyagent sans autres buts que d’aller à la découverte de nouveaux horizons et de rencontres authentiques.  Ils nous saluent, s’installent, posent leurs chapkas et ouvrent leur sac.
Puis ils sortent des tasses et offrent à tous un thé fumant.  Leur sac semble sans fond.  Sandwichs, gâteaux et samovar font suite aux saucisses.
Mais bientôt, l’alcool remplace le thé et me voilà embarqué dans une beuverie sans fin.  Bières, vodka… le wagon entier se met à chanter, à danser.
J’essaie de m’échapper et me faufile jusqu’au wagon restaurant.  C’est le milieu de la nuit et le calme y règne, entrecoupé ici et là par la passage des contrôleurs qui finissent par me remarquer et me renvoient dans mon wagon.
Sergueï et Nina m’y attendent : « Te voilà, nous allions partir à ta recherche, tu n’as pas fermé la porte ! »
                                               Caroline

Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
Ils me demandaient si c’était bien le train pour Vladivostok et s’asseyaient au fond du compartiment.  Nina se mit à chanter.  Sergueï sortait sa bouteille et sa gamelle.
Sergueï adorait les saucisses à l’apéro avec une vodka très fraiche.  Mais plus Nina chantait, plus Sergueï faisait des grimaces et plus il buvait.
Il m’invitait à boire une bière avec eux, une bière belge trop tiède.  Et comme j’ai horreur de la bière tiède, j’ai refusé poliment pour la boisson.  Les saucisses, au contraire, étaient formidables, pas trop sèches et très bien épicées !
J’allais prendre l’air au restaurant.  Et là aussi, on sert des saucisses !  Mais heureusement avec de la bière ou de la vodka très très fraiches.
Quand je suis rentré dans mon compartiment, Sergueï me dit : « Punaise ! On a oublié d’imprimer nos tickets ! »
                                               Paul
 

Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
Les deux jeunes Russes, clairement très amoureux, ont mis leurs valises sous le banc et se sont installés tout proches l’un de l’autre avec un air inquiet.  Est-ce qu’on les poursuivrait ?  S’étaient-ils échappés ?  Etaient-ils saufs ?  Ce sont les questions que je me posais alors qu’ils ouvraient leur bagage avec frénésie.
Leur faim évidente et le bruit qu’ils faisaient en mangeant en disaient beaucoup.  Ils avaient évidemment énormément souffert.  La saucisse devenait confort et symbole d’espoir.  Quand les deux m’ont offert leur vodka, j’ai mieux compris.  Ils avaient besoin de témoins, de preuves que, oui, maintenant ils étaient en liberté.  En liberté de boire et de manger comme tout le monde, comme les « normaux ».
Je n’en pouvais plus !  Je me suis échappé à mon tour.  Dans le resto je pouvais me cacher, m’échapper de cette atmosphère étouffante qu’ils avaient créée dans notre wagon de train.  Ils exultaient mais je ne pouvais pas suivre.
Dommage, j’aurais dû faire un effort car la vodka au lait et le bortsch ne s’entendent pas avec moi.
« Viens, dit Nina avec une voix chaleureuse, tu nous as aidé, viens partager ! »
                                               Candy
 



Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment, Nina et Sergueï.
De suite, je ne peux m’empêcher de jeter un œil, voire même deux, sur les jambes magnifiques de Nina.  Je me prends à rêver.  Peut-être est-elle danseuse au Bolchoï et Sergueï est son domestique, son costumier, son homme à tout faire.  Mais certainement pas son homme tout court !  Et elle a pris la fuite pour échapper au puissant dirigeant du parti qui veut en faire sa maîtresse.
Maintenant, ils mangent à perdre haleine, surtout Sergueï qui est gras et rougeaud.  Nina a beau s’empiffrer, elle reste toujours aussi jolie, les joues rebondies lui vont bien.  Ils sont en fuite et ils n’ont plus mangé depuis des jours. Mais d’où leur vient ce sac de victuailles ? 
Bien sûr,  je pourrais les aider à le vider mais je ne me sens pas très bien.  J’ai le moral dans les chaussettes et l’estomac dans les talons depuis mon weekend à la datcha avec Madame Ludmilla. Son rythme de kalachnikov m’a carrément mis par terre.  Alors, cette saucisse trempée dans le saindoux, je crois que ce n’ai vraiment pas raisonnable. Ca ne passera tout simplement pas !
Le wagon restaurant sert une vodka aux herbes de bison et poils de mammouth absolument délicieuse.  Elle me fait oublier tous mes malheurs des jours passés.   Et si  je m’enfuyais à la datcha avec Nina, la danseuse du Bolchoï ?
De retour au compartiment, Sergueï me sourit : « Monsieur Andreï, vous êtes tellement sympathique, on vous invite à notre mariage à Vladivostok ! »…
                                               Françoise M.

 





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