Le 1er jeu : « si j’étais né à … »
en sachant que le lieu est imposé par le « lieu rêvé » de
son voisin de droite. Quant au voisin de
gauche, il offre un petit papier avec 3
mots à insérer, dont un verbe:
Si
j’étais née à l’île Maurice, je savourerais des fruits exotiques. Je me laisserais envouter par la magie des
lieux. Je prendrais plaisir aux joies de
la mer et de la plage et je chanterais le soir venu en m’accompagnant à la
guitare.
Anne
Si
j’étais née dans un château en Angleterre près de l’Océan, je serais maintenant
entourée du privilège de connaitre une histoire personnelle jalonnée
d’intrigues et de mystères. Quel roi a
décidé de récompenser mes ancêtres de leur loyauté ? Quelles décisions ont contribué au maintien
de ce beau bâtiment, de ces merveilleux jardins où je cours à perdre
haleine au rythme du flamenco.
Candy
Si
j’étais née au Portugal…
Ah si
j’étais née au Portugal. En fait, j’ai
failli y naitre puisque ma grand-mère maternelle est portugaise. Mais l’histoire a voulu qu’elle épouse mon grand-père
espagnol et qu’ils viennent se réfugier en France…bref ! Sinon, ben oui !! Au lieu de connaitre la Méditerranée à
Perpignan, j’aurais plutôt connu l’Océan.
Moi qui n’aime pas trop la chaleur du soleil, elle m’aurait fait encore
plus souffrir. J’aurais pu peindre les
gens, les Portugais que j’ai rencontrés souvent et qui sont si accueillants.
Marie-Jo
Si
j’étais né au restaurant étoilé à Fontjoncouse dans les Corbières, chez Goujon,
j’organiserais des week-ends argentins.
J’inviterais un musicien qui joue au bandonéon et après, pendant le
repas, les gens pourraient danser le tango pendant que moi je fabriquerais ma
passion dans la cuisine. Pour ceux qui
veulent, il y a toujours la piscine pour nager.
Paul
Si
j’étais née à Buenos Aires j’aurais été enchantée de jardiner des espaces
généreux pour faire rêver les gens et les aider à sortir du froid glacial de la
dictature.
Annie
Si
j’étais née au Grand Palais, la nuit…
C’est très étrange car je connais ce lieu, il m’est familier. Il y a beaucoup de choses à découvrir,
plusieurs pays sont représentés, la paix et le contentement. Et je saute dans ce palais. Je suis émerveillée par tant de trésors.
Christiane
Si
j’étais née dans la maison du Père Noël, en Laponie en 2005, je marcherais avec
grandeur sous les immenses plafonds faits de verre et de métal de la fabrique
de jouets, accompagnée d’une armée de lutins exploités, prêts à rendre service
illico presto à leur maitresse tyrannique, moi, la fille du Père Noël.
Margot
Si
j’étais née à Lassa, pendant le règne d’un Dalaï Lama, je mangerais les mets
aux saveurs tibétaines et dans un bol que le Dalaï Lama ferait chanter, j’y
boirais un savoureux vin plein de spiritualité et d’amour. Et nous tous, terminerions dans un grand
sourire et rire comme le Dalaï Lama sait les propager.
Martine
Si
j’étais né dans une forêt sombre dans le nord de l’Écosse, je porterais un kilt
et une peau de mouton. J’errerais des
heures durant dans les parcs naturels, dévoré par les moustiques. Je rêverais sans doute de partir à Glasgow,
mais sans aucune attache, je finirais sur un banc au milieu des fleurs.
Françoise M.
Le 2èm jeu : chacun reçoit la photo d’une personne qui a déjà été identifiée par un autre écrivant (nom, lieu d’origine et passe-temps favori) et tire également au sort la photo d’un endroit.
L’histoire : le narrateur et le personnage ont tous deux quitté
leur pays d’origine. Ils se rencontrent
sur un lieu inspiré par la photo.
On passe à l’écriture de cette rencontre sans oublier, qu’en cours d’écriture,
des phrases issues du 1er jeu
sont tirées au sort et doivent être insérées dans le texte le plus instantanément
possible.
J’ai
quitté mon pays parce que je m’y sentais trop à l’étroit. La bureaucratie et la vie bruyante dans un
air malsain, saturé des émanations d’un trafic trop dense. Je prendrais bien plaisir aux joies de la
mer, aussi je m’embarquai sur un bateau pour gagner le sud de l’Italie où je
débarquai quelques jours plus tard dans le port de Naples. Quelqu’un m’avait renseigné sur une petite
maison à vendre dans la campagne avec vue sur le Vésuve. J’avais l’adresse de l’agence immobilière qui
se situait dans une rue étroite du centre-ville. Dès que j’eus franchi le pas de la porte, une
dame plus très jeune m’accueillit dans un grand sourire et rire. « Bienvenue chez les Ch’tis, oh pardon,
chez les Napolitains » me dit-elle en s’esclaffant. « Je pensais bien que vous veniez du
Nord. Les gens arrivent ici pour
jardiner des espaces généreux puisque dans le Nord, il n’y en n’a plus. Je m’appelle Bernadette et j’ai toujours vécu
dans le 16èm arrondissement. Ma vie a
été jalonnée d’intrigues, mais depuis que j’ai déposé mes valises dans cet
endroit, je mène une vie paisible. Si
vous voulez, allons boire un café sur la place en face. » Sur ce elle se leva et nous rejoignîmes la
terrasse d’un petit café. Bernadette
sortit son éventail de son sac et, tout en contemplant la mer, elle fit un pied
de nez à la bonne société. Cette femme
me plaisait. Mon histoire commençait à
prendre un cours différent. Pourtant,
dès que je me fus installée dans ma nouvelle maison, il m’apparut après
quelques années que les autochtones ne m’acceptaient pas vraiment. Ils ne toléraient pas mes habitudes, mon
exubérance et mon franc parler. L’omerta
était bien ancrée dans cette couche de la population.
Anne
Pendant
son voyage en Inde, entrepris pour compléter ses études de yoga, Philippe est
tombé amoureux. Amoureux fou et sans
fin, pas de Samira qui souvent lui conseillait de prendre plus plaisir aux
joies de la mer, mais de la vie qu’il vivait dans le camp. Il aimait être sous tente, tout proche des
autres chercheurs qui patiemment, tranquillement, attendaient que quelque chose
change. Étonnement, c’est là que ses
études s’approfondirent dans de grands sourires et rires qui encouragent
l’espoir et la gentillesse. Bien que de
l’extérieur, les tentes semblent serrées et trop proches, on y jardine des
espaces affectifs généreux. Pas ici les
silences jalonnés d’intrigues et de peurs.
Candy
Mistigri
s’est perdu ou bien ses maîtres l’ont abandonné sur le bord de l’autoroute,
quelque part en France. Il a faim, il a
froid. Il marche sans but, mais sans
arrêt. Il ne le sait pas bien sûr, mais
il vient de passer la frontière. Il
aperçoit de l’eau. Il croit qu’il va
pouvoir prendre plaisir aux joies de l’eau, mais elle est salée, impossible donc
de boire, c’est la mer.
Un
bateau est là, amarré. Julien vient
d’arriver de son île polynésienne pour changer de pays, retrouver une amie avec qui il fera peut-être sa vie. Il attend… longtemps… Pas d’amie en vue. Il gravit la montagne juste là au-dessus et
entend derrière lui un bruit. Avec un
grand sourire et rire, il vit Mistigri qui le suit enfin content d’avoir un
compagnon. Épuisés tous les deux, ils
voient les gens tout petits en bas.
Julien s’étend sur le sol, longtemps.
Mistigri se love contre lui. Ah,
un homme qui aime le farniente comme moi !
C’est sa devise à Julien, surtout pas trop d’activités, pas de
jardinage, d’espace généreux, pas de vie compliquée jalonnée d’intrigues, pas
de vagues quoi !!
Marie-Jo
Après
un long voyage fatigant, je rencontre Nihor Han sur un banc, un coca et un
sandwich à la main. Je me suis assis à
côté d’elle et quand je lui ai demandé d’où elle venait et elle a commencé à me
raconter son histoire. Elle avait dû
quitter sa famille en Chine parce qu’elle était une fille, une fille de
trop. Elle avait pris le bateau pour une
destination lointaine qu’elle ne connaissait pas. Un voyage plein d’histoires… de la misère
mais aussi du plaisir aux joies de la mer.
Après des semaines et des semaines, elle croyait avoir appris tout et
elle était arrivée depuis hier dans ce quartier lugubre où régnait la loi de
l’arme. Pourtant elle vivait dans un
grand sourire et rire. Jardiner dans des
espaces généreux était un fantôme. Ici
c’était le désert, la jungle jalonnée d’intrigues. Et pourtant Nihor était là, à côté de moi,
souriante, pleine d’espoir pour le futur parce que depuis que sa famille
l’avait refusée, elle était la bienvenue partout où elle arrivait.
Paul
Pour des raisons politiques, Vincente a quitté l’Equateur, son pays natal. Il n’aurait jamais imaginé que ses pas le conduiraient dans cet entrepôt sinistre d’une zone maritime où il aurait pu prendre plaisir aux joies de la mer. Mais la rencontre d’Henri, jeune Zaïrois en quête d’un sponsor pour jouer au tennis à un très haut niveau, va complètement modifier ses plans. Jamais il n’aurait imaginé qu’on puisse, au nom d’une passion sportive, voyager entre deux caisses de déchets métalliques pendant des jours et des semaines, et sortir de cet enfer dans un grand sourire et rire. Lui dont la passion était de jardiner des espaces généreux, juste pour apporter de la magie à la ville, aux autres. Echanger avec ce jeune rêveur sur un sujet comme le tennis, qui pour lui était rempli d’intrigues, a perturbé toutes ses convictions et a stimulé son imagination. Ici, comment exister sur le bitume ?
Annie
Tintin
vient du Népal. Il quitte son pays avec
sa famille pour Paris, pour faire des études et apprendre le français dans une
grande école et faire de grandes balades avec son yak. Dans le bassin il y a beaucoup de
poissons. Il rêve d’aller aussi
ailleurs, dans un grand sourire et rire.
Je prendrais plaisir aux joies de la mer, soit en Bretagne ou aux Saintes
Marie de la Mer ou en Corse, avec de grandes plages. J’aimerais jardiner des espaces généreux pour
avoir beaucoup de fleurs.
Christiane
Je
prends l’avion pour l’Arabie Saoudite.
J’y suis attendue comme consultante afin d’améliorer les techniques de
tissage des foulards en laine rouge et blanche que portent les hommes distingués
dans cette contrée. Ma mère espère que
je vais y rencontrer un bon parti. Je ne
compte pas trop là-dessus. Je prendrais plaisir aux joies de ma mère si les
dits jeunes hommes étaient plus tolérants, bien qu’ils soient portés sur les
belles étoffes. J’étais en train de
penser à tous les bons mariages que ma mère voulait bien me trouver lorsque
Maria s’approcha de moi. Elle venait du
Yucatan et me proposait son aide pour sortir rapidement de mes tourments. « Je prépare avec beaucoup de soin des
potions magiques qui, dans un grand sourire et rire de la vie, vous feront trouver un mari dans cette foule
avant la fin de la soirée » me disait -elle. J’essayais de lui expliquer que mes
préoccupations premières étaient plutôt lainières et que je pouvais, si elle
voulait, lui tricoter un bonnet avant la fin de la soirée lorsqu’elle me
retourna qu’il valait mieux que je jardine mes espaces généreux pour trouver un
galant, plutôt que de rester accrochée à mes aiguilles et à mes pelotes de
laine comme une vieille fille. Je lui
rétorquais que ma vie n’était pas jalonnée d’intrigues et qu’elle se rattachait
surtout au tricot et à la confection de bonnets. Affligée par mon refus du filtre d’amour,
elle s’en alla voir un autre minois plus avenant et dépourvu de pull en laine.
Margot
A un
carrefour de cette immense ville du bout du monde, Michel, traversant au
passage clouté, se fait bousculer par un bout de chou. Vexé, il se retourne, aperçoit une fillette
qui court, tenant dans sa main… un
livre ? un sac ? Non, il comprendra quand, remis de ce choc,
il décide de rattraper ce malotru. Il
court, attrape cet enfant, car c’est un enfant qui quand elle était à l’‘île
Maurice prenait plaisir aux joies de la mer.
Surpris, il s’aperçoit que c’est une fillette. Sa colère fond dans un grand sourire et rire.
« Comment
t’appelles-tu ? »
« Aurélie »
L’enfant
a peur, elle craint la réaction de cet homme qui lui parait immense, mais qui
calmement lui pose cette question
« D’où
viens-tu ? »
« De
là, du magasin. » Elle a peur que
cet interrogatoire soit jalonné d’intrigues
« Non,
d’où viens-tu, de quel pays ? »
« De
l’Ile Maurice »
« Oh,
mais je connais ! J’y suis allé avec ma famille, rendre visite à notre
fils qui avait choisi d’être prêtre ! »
A cet
instant précis, la fillette tend sa tablette (c’était ce qu’elle tenait à la
main) car elle adore y jouer (ce qu’elle faisait lorsque ‘elle traversait
cette énorme avenue et bousculait notre homme)
« Regarde
monsieur, une photo de mon île. »
Et tous
les deux découvrent en même temps ce prêtre Emmanuel en train de jardiner cette
terre si aride qui deviendra un espace généreux pour tous.
Martine
Mon
voyage pour Glasgow m’a entrainé beaucoup plus loin que je ne l’avais
imaginé. Finalement, les aléas et les
rencontres m’ont emmené en France. Mon
kilt et mon gilet de mouton ont amusé et m’ont attiré la sympathie des
autochtones. Je prenais plaisir aux
joies de la mer du Pas de Calais ; avec le kilt, c’était pratique pour
sauter dans les vagues. Mais cette pause
dans mon errance n’a pas duré longtemps. Alors que beaucoup de mes camarades
d’infortune souhaitaient partir là d’où je venais, j’ai continué ma route et je
suis arrivé dans cette zone industrielle où trouver du travail est chose aisée,
les autochtones ne se précipitant pas.
C’est là que j’ai rencontré Igor Slandivich. Il a quitté la Serbie lors de la guerre, il y a déjà quelques années. Depuis son
arrivée dans la région, dans un grand sourire et rire, il joue du violon alto
pour réchauffer le moral des ouvriers.
Il est vivement applaudi par des hommes, à 3 mains pour certains et à 5
oreilles pour d’autres. Grâce aux rejets
de la centrale nucléaire, les ouvriers jardinent des espaces généreux où les
légumes poussent presque tout seul. Les
carottes fluorescentes ont beaucoup de succès auprès du public parisien. Certains soirs, quand Igor joue du violon, je
monte sur la table et je danse des flamencos endiablés, tournoyant follement
dans mon kilt. Mais la vie ici m’ennuie,
je rêve d’un avenir jalonné d’intrigues… avec Igor ?
Françoise M
Journaliste
à Bombay, on me demande d’aller couvrir un événement qui semble être de la plus
grande importance en Grande Bretagne.
Il
s’agit de montrer au monde qui compose la foule des admirateurs de la petite
nièce de la reine, Bridget de Birmingham. De l’inde, ce groupe cosmopolite est
observé avec beaucoup d’intérêt.
Me
voilà donc interviewant Mr Ibrahim commerçant sikh, Monsieur Burton consul en
Nouvelle Zélande qui raconte comment il
prend plaisir aux joies de la mer,
Madame Indira Ravelonjata fière de son ascension sociale spectaculaire (c’est une grande restauratrice sur la place de Londres)
et, alors que je passe de l’un à l’autre, me voilà bousculé par un petit jeune
qui ne manque pas de culot, un certain Clément, jeune Lyonnais de France, qui
me dit avoir proposé à la nièce de la reine, la Bridget, une version Rap de God Save the Queen. Il a su jouer des coudes dans cette foule
d’invités et c’est dans un grand sourire et rire qu’il a abordé la
demoiselle. Sa spontanéité et sa détermination ont conquis la petite nièce
de la reine qui lui promet d’intercéder auprès d’Elisabeth II. Moi qui suis témoin de la scène, je vois
comment ce jeune rappeur jardine les espaces généreux que lui ouvre la belle
miss, il s’y aventure en chantant chaque couplet de l’hymne et la Bridget,
avertie des intrigues qu’elle aura à mettre en place pour conquérir la reine,
cherche des yeux dans la foule des invités, les oncles chapeautés de hauts de forme
car elle sait depuis qu’elle est toute
petite les amadouer. Une fois leurs
regards captés, elle les incite l’un
après l’autre à se rapprocher d’Élisabeth.
Odile
Le 3èm jeu : à la lecture des textes précédents, chacun a été particulièrement attentif au texte de l’écrivant tiré au sort. On continue notre histoire mais en y insérant les personnages du texte écouté. Le tout avec une image tirée au hasard dans le livre La Terre vue du Ciel (la même pour tous) qui doit se retrouver dans le texte, un incipit et une phrase de fin.
Petite remarques : les consignes sont faites pour être appliquées mais aussi contournées ! Et tous les écrivants n’ayant pas laissé leurs textes pour publication, certains faits et personnages peuvent paraitre sortis de nulle part.
Le 3èm jeu : à la lecture des textes précédents, chacun a été particulièrement attentif au texte de l’écrivant tiré au sort. On continue notre histoire mais en y insérant les personnages du texte écouté. Le tout avec une image tirée au hasard dans le livre La Terre vue du Ciel (la même pour tous) qui doit se retrouver dans le texte, un incipit et une phrase de fin.
Petite remarques : les consignes sont faites pour être appliquées mais aussi contournées ! Et tous les écrivants n’ayant pas laissé leurs textes pour publication, certains faits et personnages peuvent paraitre sortis de nulle part.
J’allais
trouver Bernadette à l’agence. « Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? » lui lançais-je avec amertume. Et je lui expliquai mes difficultés à
m’intégrer. Pour nous changer les idées,
après une discussion enflammée, nous nous rendîmes au cinéma. C’était un film documentaire dans lequel un
certain Philip rencontre une jeune fille, Samira, vivant dans un campement au
pied d’un canyon. Les gens s’adaptent
aux circonstances climatologiques et économiques, et semblent heureux d’y vivre. Tout le monde s’entraident et se
tolèrent. Les clairs obscurs du canyon
offrent un spectacle magnifique. Ce
serait peut-être là un endroit pour vivre.
Anne
« Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? » demande
Nior Han d’une voix désolante, attristante.
Philip, qui jusque-là pensait être dans un lieu de paix et de bonne
entente, se rend compte avec honte que pour lui peut-être l’Inde est
accueillante, mais ce n’est pas le cas pour tous. Malgré les efforts de calme et de bonne
humeur, la vérité fait mal et il faut partir à nouveau, se distancer de ces
sentiments négatifs et intolérants. Philip décide de prendre ses effets et
d’accompagner Nior Han pour veiller sur elle.
Il veut aider cette petite fille de trop chez elle, qui sourit malgré
son expérience malheureuse de désert et de jungle urbaine. Ses yeux souriants et plein d’espoir méritent
que Philip la guide vers les grands canyons ensoleillés du centre du
monde. Ce serait peut-être là un endroit
pour vivre heureux…
Candy
« Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? » Mistigri, quand il a vu le panneau en haut de
la montagne, il n’a rien compris.
Racine, pivotante ou pas ? Racine, l’écrivain ? Tolère ou
colère ?... Julien, lui, s’est dit que réfléchir à la question était dans
ses possibilités puisqu’il pouvait le faire allongé. Sur ce, arrive accompagné de son yak, Tintin,
le Népalais passé par Paris, avec son nouveau compagnon sorti des grandes
écoles parisienne. Les quatre, isolés
sur ce sommet, engagent un long palabre devant cet écriteau. Tolérer les racines des autres, laisser
s’enraciner l’autre sur son sol, aller s’enraciner sur le sol de l’autre, la
longueur des racines est-elle importante ?
Tous les sols valent-ils la peine de s’y enraciner ? Trop d’azote ? Pas assez ? Sans réponse, ils redescendent et, oh joie,
le son et lumière dans la vallée envoie sur la montagne l’image merveilleuse
d’un canyon. Peut-être un endroit pour
s’enraciner pour la vie tous ensemble, si le sol nous veut bien. Ce serait peut-être là un endroit pour vivre.
Marie-Jo
« Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? » demandais-je à Nahor Han.
« Oh »
me dit-elle après un long soupir, « tu sais ce n’est pas le sol qui
m’intéresse, ce sont les gens qui y vivent qui comptent. Ce sont les gens qui cultivent leur sol qui
font du sol un verger ou un potager.
J’ai rencontré des gens qui étaient voisins, qui cultivaient le même sol
mais l’un était accueillant et généreux et l’autre fermait sa porte. Si jamais tu veux déménager, ce n’est pas le
pays qui est important, c’est les gens qui y habitent qui font la
différence. Cherche un endroit où il y a
un peu de tout. »
« Ah
bon, lui dis-je. Ce serait peut-être là
un endroit pour vivre. »
Paul
Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? On les oublie, on les réinvente, on se
réécrit une autre histoire. La preuve en
est : ce malheureux écossais en kilt et peau de mouton qui, en quête d’une
vie meilleure, se retrouve dans le grand Canyon à danser le flamenco sur les
pitons rocheux au coucher du soleil. Son
compagnon, un certain Igor Slandivich, serbe d’origine et virtuose du violon,
après avoir partagé avec lui les carottes fluorescentes de la centrale
nucléaire de la région industrielle de Glasgow.
Pris pas le charme des ondulations du kilt, il l’a suivi dans la quête
de nouvelles racines. Et chaque jour qui
passe dans le Grand Canyon devient un enchantement. Ce serait peut-être là un endroit pur vivre.
Annie
Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? Je suis à Paris pour mes études mais mes
pensées sont au Népal où je pense à ma grand-mère, à mes tantes qui tricotent
des bonnets, des écharpes pour pouvoir les revendre car ils ne sont pas
riches. Je suis très triste à l’école où
je suis car je reste dans mon coin, déjà par la langue et la culture qui n’est
pas la même que la mienne. Je me sens
seul car les personnes sont très distantes.
Le soir, dans mon lit, je repense à la bonne couverture tricotée que
j’ai laissée là-bas. Et puis j’essaye
d’être positif, ce serait peut-être là un endroit pour vivre, pour fonder une
famille.
Christiane
« Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère et ne tolère l’art
du tricot ? » C’est ce que je
me demande assise dans l’avion, en regardant les terres arides en-dessous et en
tricotant. Cette réflexion philosophique
vient du monologue sans fin de mon voisin de voyage, un certain José-Luis, qui
m’explique qu’Anita, sa fiancée, est partie aux Etats Unis. Il a peur car elle est pyromane et, avec la
sécheresse du désert, tout risque de partir en fumée très vite et il ne pourra
pas sauver sa dulcinée et le désert s’il n’arrive pas très vite à
destination. Je lui propose les services
de Maria, la druide moderne qui fabrique des potions, pour le dépêtrer de cette
mauvaise union avec une pyromane espagnole un peu folle. Mais il ne m’écoute pas. Il continue à
trépigner sur son siège, me disant qu’il est le mieux placé pour arrêter sa
folie, étant pompier volontaire international.
Je décide donc de lui tricoter un bonnet ignifugé tout en regardant le
Grand Canyon par le hublot, perdue dans mes pensées : « pas besoin de
bonnet ici, ce serait peut-être là un endroit pour vivre en paix ».
Margot
« Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? » aurait pu dire Aurélie, notre petite fille
venant de l’Ile Maurice se sentant perdue dans cette immense ville du bout du
monde.
« Tu
sais, mon fils, Emmanuel, il a voyagé en Italie où… attends, je vais te
raconter cette drôle d’histoire :
Emmanuel
arrive en Italie, cherche un logement dans ce port de Naples. Ne connaissant personne, il se perd dans les
ruelles et tombe sur une petite pancarte « chambre libre, petit déjeuner
compris ». Tu vois, il n’était pas
si déraciné ! Il frappe et une
femme vient lui ouvrir.
« Ch’ti ? Napolitain ? » Il n’a pas le temps de lui
répondre qu’elle lui fait un pied de nez avec son éventail. Surpris, il répond avec son accent savoyard
« Je viens du lac, du lac d’Annecy, je m’appelle Emmanuel » et elle
de répondre « je viens du 16em et je m’appelle Bernadette ». Une amitié sincère venait de naitre. Et tu ne sais pas la meilleure, Aurélie, tous
les deux rêvaient d’un endroit qui serait peut-être un endroit pour vivre,
l’Ile Maurice ! Avec ces immenses rochers sortant de l’Océan, ces jardins
généreux, des rencontres aux accents différents, car dans ton île il y a un
mélange de toutes les nationalités. »
Martine
« Que
signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ? » C’est ce que je me tue à répéter à Igor pour
le forcer à quitter cette zone qui se réchauffe de plus en plus. Mais il ne me comprend pas, il faut dire que
ma maitrise du serbo-croate n’est pas très développée. Je suis très inquiet. Maintenant ce ne sont plus seulement les
carottes qui deviennent fluorescentes, les yeux d’Igor attrapent une étrange
lueur. Finalement, nous prenons la route
pour essayer de planter nos racines ailleurs.
Nous avons atterri sur le sol américain, mon espoir de fonder un foyer
avec Igor étant très grand. Mais nous fûmes
très mal accueillis, le teint méditerranéo-fluorescent d’Igor faisant peur aux
Américains. Ils nous ont mis dans un
convoi de chariots chargé d’aller coloniser les zones arides des États
Unis. Et c’est là, dans ce convoi, que
le désastre m’est tombé dessus. La nièce
de la reine d’Angleterre, une certaine Bridget, faisait partie du convoi. Elle fuyait le courroux de la Reine mère,
mais néanmoins sa tante, qui voyait d’un très mauvais œil les envies de mariage
de sa nièce avec un rappeur mangeur de grenouilles. Et là, à l’entrée du Grand Canyon, cette
Bridget transféra ses envies amphibiennes sur Igor, MON Igor ! Fini les solos de violon rien que pour
moi. Ma route allait donc se
poursuivre. J’étais encore loin de
pouvoir dire « ce serait peut-être là un endroit pour vivre ».
Françoise
M
Clément
s’est arrêté de chanter, mais que fait-il ? Il est sur whatshapp. Son pote
Vincente, le globe-trotteur, lui donne des nouvelles de ce jeune qui lui a
ouvert les yeux et le cœur, celui rencontré dans ces camions de déchets. Il est
avec lui dans le Lubéron, « c’est incroyable comme la vie est simple
avec ce gars !!!, si tu savais ce que nous sommes en train de faire. Nous
glissons allègrement sur les ocres du Colorado provençal avant d’aller se jeter
dans le petit lac, et voilà, chaque jour passe avec légèreté !!! »
« Clément,
Clément, hello! Ma tante la reine est très curieuse d’entendre ta version de God Save The Queen! Viens le lui
interpréter. Mes oncles te soutiendront en battant la mesure sur leurs hauts de
forme et puis nous irons boire une tasse de thé et tu me raconteras quel est le
philosophe globe-trotteur qui t’a inspiré ces nouvelles paroles ! »
Que Dieu sauve la Reine !
Qu'il l'emmène sur les sentiers du monde
pour ouvrir son cœur et ses yeux, ses yeux, ses
yeux
que les hommes sauvent la terre, la terre,
sortir le monde de la misère, misère
pour ne plus jamais s’en faire, s’en faire…,
De tous les reportages que j’avais eu l’occasion de faire aucun n’avait témoigné aussi bien de la jeunesse d’esprit de la reine !
De tous les reportages que j’avais eu l’occasion de faire aucun n’avait témoigné aussi bien de la jeunesse d’esprit de la reine !
Odile
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