randonnée littéraire, le 19 juillet 2016




départ matinal de Quirbajou pour 9 randonneurs sur-motivés, accompagnés de leur photographe




  et une première halte qui nous permet d'écouter la longue et laborieuse histoire de l'eau à Quirbajou



quelques grimpettes, sentiers bucoliques et panoramas époustouflants plus tard,
1ère pause littéraire.


Née en 1952 d'un père algérien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur vit une double culture qui devient triple lors de son installation en France.
Professeur de littérature, de chants, d'art dramatique, elle s'intéresse à la jeunesse et particulièrement aux enfants dits en difficulté.
 Elle écrit beaucoup et obtient de nombreux prix littéraires.
Le roman Les Demeurées paraît en 2000.







L'histoire de trois femmes: LA demeurée, sa fille Luce et Solange l'institutrice.  Un couple mère-fille au-delà du fusionnel.  Une institutrice qui veut bien faire mais une séparation impossible, une déchirure qui empêche l'apprentissage. Une histoire d'enfermement dans la demeure familiale et dans un état de "demeurée".  Mais des mots qui s'inscrivent et font leur chemin.  Grâce à un jeu de fil, de couleurs et d'aiguille, la petite Luce va faire entrer les mots et les rêves dans sa pensée.
Un roman bien court pour faire passer autant de sensibilité...

"Empaquetée dans l'étouffement de ce qu'elle ne peut
pas nommer, elle est demeurée" J.Benameur







tout comme fut sensible la présentation de Françoise F.





retour sur les sentiers à travers buis et rochers pour atteindre un lieu druidique

 

et y découvrir ou redécouvrir un auteur dit "Classique" mais si contemporain, grâce à Catherine et aux chagrins d'amour  

Nathalie AZOULAI, l'auteure, est née en 1966 et a publié 5 romans avant celui-ci, sorti en 2015.

Bérénice, jeune-femme contemporaine, est quittée par son amant Titus, qui va rejoindre son épouse Roma.  Une détresse qui plonge la narratrice dans l’œuvre et la vie de Racine, un homme qui 345 ans plus tôt avait si bien su pénétrer au cœur des tourments amoureux.  En cherchant à comprendre comment un bourgeois ambitieux a pu écrire des vers si justes et si puissants sur la passion amoureuse et surtout d'un point de vue féminin, la narratrice espère comprendre pourquoi Titus l'a quittée. 
Ni une biographie, ni un roman historique, mais un livre génial qui donne envie d'en savoir encore plus sur Racine, une fois la dernière page tournée.

"Racine, c'est le super-marché du chagrin d'amour"
N.Azoulai


pour prendre connaissance de la lecture très fouillée qu'a présentée Catherine, allez à la fin de cette page et cliquez sur "plus d'infos"






Nous quittons Racine pour reprendre notre marche avec un nouveau passage sur les crêtes et une vue vertigineuse et panoramique sur Quillan.


l'occasion pour Françoise M. de raconter un épisode de la vie de sa famille.
Un retour en arrière dans la nuit du 9 au 10 mai 1940, au-dessus des forts répartis le long de la Meuse à hauteur de Liège. Grâce à des planeurs, les Allemands survolent les lignes de défense, et c'est la stupeur parmi les hommes chargés de défendre la frontière. 
Le grand-père de Françoise en fait partie. Devant la supériorité militaire allemande, l'ordre est donné à l'armée belge de se replier vers la France d'où on espère des renforts. Ce sont 225 000 hommes qui vont embarquer dans des trains pour le sud de la France, plus précisément pour la Haute Garonne, le Tarn, le Gard, l'Hérault et l'Aude.  Et le 5 juin au soir, 1200 soldats principalement originaires de Liège, débarquent à la gare de Quillan sans aucune intendance. Mathieu, le grand-père, en fait partie.  Officier, il est accueilli chez l'habitant. Les non-gradés sont logés dans des baraquements en bois qui avaient été montés pour les réfugiés espagnols, à l'emplacement actuel du collège. Durant les mois de juin et de mai arrivent également en masse des réfugiés civils. En septembre 1940, le préfet estimait à 16300 le nombre de Belges et Néerlandais accueillis dans l'Aude, en plus des soldats. De nombreux liens durables d'amitié vont se nouer entre réfugiés belges et familles quillanaises.
Dans les bâtiments près du collège, ce sont actuellement une vingtaine de réfugiés venus du Soudan, d'Afghanistan qui sont accueillis...

si vous voulez lire l'entièreté du travail consacré à cet épisode de 1940, allez en fin de page.
                               


à découvert puis sous le tunnel de buis, la balade se poursuit jusqu'à la pause pique-nique.







En guise d'apéro, Françoise M. présente le 1er volume d'une pentalogie japonaise, lu la veille.


Née en 1966 au Japon, Aki Shimazaki émigre au Canada en 1981.  Elle écrit, en français, Le poids des secrets, entre 1999 et 2005.

Dans les années 1990, une femme japonaise meurt dans un pays lointain. Elle laisse une lettre à sa fille, un lourd secret de famille y est dévoilé. Une histoire qui débute durant la guerre à Nagasaki.



Le 9 août 1945, une bombe au plutonium... Dans chacune des 5 parties de la pentalogie, le point de vue d'un personnage qui a eu à souffrir du secret et de la bombe.
Une première partie magnifique qui donne juste envie de lire les autres. Une écriture qui va à l'essentiel.
 
"- Grand-mère, pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
- Parce qu'ils n'en avaient que deux à ce moment-là, dit-elle franchement."


retour sous le soleil, changement de versant pour une vue plongeante sur Quirbajou

et recherche de l'ombre pour une 4ème pause littéraire

 


Marie-Noëlle et Hubert ne vont nous parler ni de poésie, ni d'amour...




Michel Floquet, journaliste français pour TF1, LCI, FR3, a été correspondant aux USA de 2011 à 2016.


Dans Triste Amérique, il retrace l'histoire du pays en 15 chapitres, depuis l'arrivée des colons jusqu'à Donald et Hilary.


Le double génocide des Indiens et des bisons. Une histoire de salades californiennes qui ont asséché un pays entier mais aussi fait disparaître le Colorado mexicain.... Des exemples de violence et de destruction à n'en plus finir.

  


 « Les colons ont mis le pays en coupe réglée, importé une main d’œuvre gratuite, les esclaves, et éliminé, à l'issue d'un génocide, les autochtones. Sur ces trois crimes ils ont bâti le pays le plus riche du monde »







« L'Amérique a une chance inouïe, nous ne voulons pas la voir comme elle est »

en fin de page, les dates et chiffres éloquents de la conquête de l'Amérique relevés par Hubert.


La grande descente est amorcée,

Quirbajou est en vue

Et, tout comme l'appel de l'herbe verte pour les vaches qui montent aux estives, nous c'est l'appel du goûter qui nous fait avancer. 
pour déroger à la tradition, ce sont à des recettes de desserts que se sont essayés les participants et non à des apéros.
gâteries très amplement méritées pour une journée à refaire ! 

et pour en savoir plus sur Titus n'aimait pas Bérénice, Triste Amérique, le grand-père belge


Balade littéraire à Quirbajou, 19 juillet 2016
-        Titus n’aimait pas Bérénice, Nathalie Azoulai -


Pourquoi j’aime ce livre et pourquoi il peut vous plaire 
Parce qu’il invite à aller au-delà de l’histoire qui y est racontée. Il ouvre, en l’occurrence, la porte sur la vie de Racine et le théâtre.
Et plus particulièrement :
·        Une très belle écriture, pas seulement à cause des citations de Racine
·        Pour ceux qui aiment le théâtre, les particularités du langage racinien sont clairement expliquées et la recherche de Racine sur sa vision du théâtre et du jeu de scène est vécue en direct. C’est un livre qui donne envie de lire ou relire les pièces de Racine.
·        Pour ceux qui aiment l’histoire, on y découvre une vie méconnue
·        Et c’est un roman très bien construit 

L’auteur

Nathalie Azoulai, née en 1966, agrégée de lettres modernes. Elle enseigne quelque temps puis se tourne vers l’édition et, plus tard, la rédaction de scénarios ainsi que l’animation d’ateliers d’écriture. Un sujet qui la passionne depuis toujours : la direction d’acteurs, telle que l’ont pratiquée Louis Jouvet, Antoine Vitez ou Patrice Chéreau.

Ecrits plutôt autobiographiques :

  • Mère agitée, 2002
  • C'est l'histoire d'une femme qui a un frère, 2004
  • Les filles ont grandi, 2010
Aussi : Les Manifestations, 2005 et Mad Men, un art de vivre (essai), https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ditions_La_Martini%C3%A8re2011
Puis, préfigurant un sujet sur le théâtre : Une ardeur insensée, en 2009, l’histoire d’une pharmacienne qui se met à suivre des cours de théâtre et qui entreprend de jouer Phèdre.  

L’œuvre, résumé
L’histoire de Bérénice, une femme d’aujourd’hui, que son amant Titus, qui l’a tant aimée, quitte brutalement car il ne peut laisser Roma, son épouse légitime qu'il n'aime plus depuis longtemps.
·        C’est donc l’histoire d’une épreuve de chagrin et d’abandon où l’œuvre de Racine va servir de consolation à Bérénice.

·        Ce n’est ni un roman historique ni une biographie, on pourrait se dire que l’auteur a choisi d’appeler la narratrice Bérénice, son amant Titus, son amoureux Antiochus et sa rivale Roma pour prendre le prétexte de raconter la vie de Racine
CITATION : Devant ses yeux, sur le mur du palier, elle avise une grande photo de Titus, Roma, les enfants. Elle se fige. Que le diable emporte les familles et leurs trophées, pense-t-elle, ce soleil, ces sourires, cette jovialité triomphale. Plus que tout, au-delà de tout, elle a voulu valoir plus que la famille de Titus, plus que six personnes réunies, plus que leurs années réunies, être cette devise providentielle qui dévaluerait instantanément toutes les autres, et au nom de laquelle un homme braderait son empire.
L’auteur a voulu montrer ce que peuvent avoir de contemporain les drames amoureux de Racine, elle a construit une résonnance entre une narratrice touchée par un chagrin d’amour et un auteur qui a écrit sur des héroïnes touchées par des chagrins d’amour.

La plainte
Au cours de cette épreuve, elle s’épanche auprès de ses amis et un jour, un vers de Racine surgit dans la conversation : CITATION « Dans l’Orient désert, quel devint mon ennui ! » Antiochus avouant la constance de sa flamme à Bérénice, lorsqu’elle eut quitté la Palestine avec Titus et que lui y était resté.


Questionnement
Quand on parle d’amour en France, Racine arrive toujours dans la conversation, à un moment ou à un autre, surtout quand il est question de chagrin, d’abandon. On ne cite pas Corneille, on cite Racine. Les gens déclament ses vers même sans les comprendre pour vous signifier une empathie, une émotion commune, une langue qui vous rapproche.
·       Immersion au pays de Racine, lecture de ses 12 pièces
CITATIONS
o       Quand elle cite Racine, elle est soudain une amoureuse de France, qui connait son répertoire, le déclame, récite les vers dans son lit le soir en pleurant, la nuit, le jour, dès l'aube, comme des milliers de femmes françaises pourraient le faire avec elle.
o       Elle trouve toujours un vers qui épouse le contour de ses humeurs, la colère, la déréliction, la catatonie...Racine, c'est le supermarché du chagrin d'amour, lance-t-elle pour contrebalancer le sérieux que ses citations provoquent quand elle les jette dans la conversation.
o       Grâce à Racine, elle en arrive à se passer de confidents. De toute façon, y a-t-il vraiment quelqu’un pour recueillir ce filet d’eau tiède qu’est le chagrin quotidien ? Ses proches se sont usés. Elle-même autrefois, quand elle tenait lieu de confidente aux autres, ne pouvait s’empêcher de penser que le récit du chagrin est aussi ennuyeux que le récit du rêve, que rien ne vous concerne moins

·         Puis cette question : comment cet auteur élevé dans le rigorisme janséniste, pétri de convenances, bourgeois, ambitieux social, qui, apparemment, n’a rien pour connaître la souffrance amoureuse a écrit des vers aussi justes et puissants sur la passion amoureuse, principalement du point de vue féminin, en particulier Bérénice, Phèdre ?
CITATION  Si elle comprend comment ce bourgeois de province a pu écrire des vers aussi poignants sur l'amour des femmes, alors elle comprendra pourquoi Titus l'a quittée.

·         Elle se lance dans une enquête sur Racine, dont la vie est méconnue, « réduite » à sa période décente. Il ne reste que peu d’écrits de Racine, quelques lettres à son fils, à son ami Boileau, les préfaces de ses pièces mais rien qui relate ses tiraillements intimes. Ce qui permet à l’auteur de prendre certaines libertés pour pouvoir raconter une histoire qui n’existe nulle part.

L’essentiel du roman va suivre les pas de Racine (1639 – 1699)
dont la vie peut être résumée en 3 grandes phases : piété, théâtre/vie dissolue, retour à la piété
·        l’enfance à Port-Royal : il y reste jusqu’à 16 ans 
o      orphelin très jeune (sa mère meurt en 1641, son père en 1643), il est recueilli par ses grands-parents paternels qui l’envoient rapidement aux petites écoles de Port Royal. Puis pupille de son riche et puissant grand-père maternel après la mort du grand-père paternel en 1649.
o      un enseignement aux méthodes novatrices : études des auteurs grecs et latins mais aussi, traduction et pratique de l’écriture
CITATIONS
§       Jean récite, déclame comme on respire. Devant lui, l'espace s'élargit, l'air devient plus piquant, plus boisé. Le maître n'ose pas dire que les récitations de Jean sont différentes des autres mais quand il l'écoute, il est comme happé par un vent de coton.
§       … Jean se contente de glisser à l'oreille de Lancelot qu'une langue vraiment morte ne leur causerait ni tant de mal ni tant de dissensions.
C'est tout le contraire, c'est parce que le français est vivant qu'il dépose au pied du latin toutes ces possibilités. Ne l'oubliez jamais. Prenez au latin ce que bon vous semble, ne soyez jamais pétrifié, puisez, servez-vous.
Cette idée réjouit Jean. Il aime que les langues se parlent en sous-main, qu'elles tissent des dialogues impalpables, invisibles à l'oeil qui ne les traduit pas. Qu'on ne distingue plus les affluents du fleuve principal. Plus que tout, il aime ce vent d'irrévérence que le maître fait souffler dans la classe.
§       Le français montre ses articulations comme un chien ses dents, exhibe un squelette aux os noueux tandis que le latin dissimule ses jointures. Et dans ses ellipses, le sens pousse, afflue comme des odeurs s’exhalent de la terre humide.
§       C'est ce qu'il aime dans la langue française et que les autres n'ont pas, ce lit de voyelles rocailleuses que les hiatus révèlent dans les vers comme l'été dans le fond des rivières. ... Il aime cette espèce de froideur qui la glace et la fait entrer dans une mer gelée sans trembler. Il comprend en la regardant que s'il compose des vers c'est certes pour être le plus grand poète de France, mais aussi pour capter cela, le son d'une conscience qui s'exprime à haute voix. Pleine, libre, parfois glaçante.

o      dans le cadre janséniste, tout en rigueur et refus de plaisirs terriens : on y enseigne ce qu’on interdit. Exemple, l’abandon de Didon par Enée (Chant IV d'Énéide) qui peut-être a conditionné son goût du tragique et sa vision, très féminine, de l'amour …) est étudié mais interdiction de le lire. L’amour et la poésie sont rejetés bien qu’étudiés par le biais des traductions.
CITATIONSans doute avait-il senti très tôt que la plainte de Didon recevait en lui un écho favorable, jumeau, qu'il était profondément de son côté…. Ecrire la tragédie de l'amour trahi, la tristesse pure de l'abandon, la suffocation, n'écrire que cela, cinq actes durant, oui, se dit Jean, rien d'autre que cette suffocation, et ainsi dépasser Virgile.

·       le théâtre et la vie mondaine de Paris et Versailles
o       la rivalité avec Corneille (et Molière),
o       il finira par rentrer à l’Académie.
o       l’ambition du succès : amant des meilleures actrices du temps (a vécu avec 2 comédiennes, en symbiose théâtrale, elles ont su personnifier ses personnages mais ce ne sont pas elles qui les ont inspirés (Bérénice, Phèdre)),
CITATION  Il y aura dans sa voix la douceur d'un rayon de miel minuscule, éphémère, fragile, et tout autour, les terres vastes et désolées de l'abandon.
o      et l’ambition tout court d’être remarqué par le roi, son « jumeau » (ils ont un an d’écart). courtisan intriguant, épris d'un monarque dont il se croit le double. (Lui a le pouvoir politique, moi le pouvoir artistique.)
CITATIONS
o        Comment parler de la gloire sans être du côté des ambitieux et des vaniteux? Comment expliquer cette exaltation à l'idée qu'un jour, il ne soit plus seulement un homme mais un nom? Un nom vaste comme une nation. Comme Homére, comme Virgile.
o        Il n'a qu'une ambition, celle de composer des vers qui plaisent et qui restent. A l'idée de naissance ou de providence, il doit résolument substituer celle de carrière. Le verbe plaire entre dans son vocabulaire.
o      Il aura écrit 10 pièces en 13 ans (Corneille 33 pièces, idem Molière)

·        Le retour à la foi 
o      Puis, à 38 ans, en 1677, après la « cabale » de Phèdre, il « se range ». Il arrête le théâtre (les 2 pièces qu’il écrit lors de cette période sont commandées par Mme de Maintenon), se marie, a 7 enfants. Père de famille scrupuleux et chrétien torturé par son renoncement à l'austère foi d'antan il devient historiographe du Roi, auquel il se consacre entièrement. A eux deux, ils couvrent tout le royaume : Louis XIV fait la guerre, Racine la raconte…
CITATION  Entre le roi et lui, les rôles sont répartis. A lui les ombres et les chimères, au roi les soldats, les chevaux, les canons.

·        Donc 3 séquences de vie contrastée, un être écartelé, traversé par des souffrances et des culpabilités, ce qui expliquerait son talent poétique et sa capacité d’émotions
CITATION   A vingt kilomètres du château de Versailles se trouve un vallon. Cent marches y creusent le sol jusqu'en son point le plus bas, l'abbaye de port-royal. Sur les contreforts, autrefois, une grange, une ferme, quelques boules de bis, un verger, des arbres immenses. Au plus grand faste français de tous les temps, le vallon oppose son calme, son dénuement, un sentiment de réclusion aussi salutaire que celui d'un refuge. Elle émet une hypothèse: toute la vie de Racine se tient dans l’écartèlement que provoquent en lui ses deux lieux.

Le théâtre de Racine : un auteur de l’amour
·        Dans ses tragédies grande part à l’amour, aux conflits exacerbés des sentiments, aux obstacles dans l’amour. Corneille, ce sont les batailles les duels.
o      Phèdre : le paroxysme dans la violence et les conflits des sentiments, l’inceste
CITATIONS
§        C'est un succès et une surenchère de calomniesPersonne ne voit qu'il a tissé ensemble culpabilité et innocence pour qu'au sommet du péché son héroïne ait une chance de salut. Ce sentiment qu'il a eu de gravir une montagne en poussant l'antithèse jusqu'au bout, en faisant de sa Phèdre le plus ardent des oxymores, il est seul à le concevoir et à l'éprouver dans cette débâcle, cette fatigue qui l'ensevelit. Partout on encense ses vers, mais on blâme son goût du vice, de l'inceste et du mensonge
§       Et son héroïne sera grecque.
Les Grecques sont mieux reliées aux dieux, sans compter qu'elles disposent du Minotaure, de l'espace fou du labyrinthe où les âmes se perdent et s'entortillent à leurs démons.
§        Ni avec Hermione ni avec Junie il n'avait été jusque-là, mais cette fois, c'est là qu'il veut entailler la créature, à l'endroit le plus tendre de sa chair, là où elle aime, où elle croyait être aimée et où elle est lâchée. Et il veut qu'on entende les échos de cette chute interminable, le son caverneux du vide entrelacé à celui de l'appel.
§       Il sait que dans son théâtre infusent désormais ses lectures, ses modèles, ses ambitions mais surtout de la chair, de la vraie chair humaine, blessée, comblée, impatiente.

·       Héritage de son éducation janséniste
o       le langage racinien: économe, singulier : au-delà de la musique des alexandrins, une grammaire souvent malmenée
CITATIONS
§      Mais au-delà de ces tautologies de salon, Jean éprouve d'autres sensations lorsqu'il compose; parfois entre les paquets de vers galants qui lui viennent ensemble, la mécanique ralentit et laisse arriver un alexandrin plus singulier, plus libre, tête nue dans le vent.
Mon âme loin de vous languira solitaire.
§       Ce que je veux c'est qu'au fond de mon français palpitent toutes les langues antérieures, toutes les autres musiques, qu'il soit une synthèse parfaite, une langue pleine et unique.

o      Une intrigue ramenée à l’essentiel
CITATION  Des tragédies sur presque rien pour qu'on écoute chaque tirade comme la seule, la dernière, et qu'à son théâtre on soit comme à la messe ou devant un condamné à mort, nu sous le ciel.
§       Préface de Bérénice : Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
§       Dans Bérénice : La tragédie naît de l’affrontement de deux impératifs inconciliables.  Titus ne peut mettre en danger sa mission à la tête de Rome au nom de la passion qui l’unit à Bérénice. La pièce aurait pu procéder par revirements et coups de théâtre pour unir puis éloigner successivement les deux personnages. Racine choisit au contraire de supprimer tous les événements (historiques) qui pourraient faire de l’ombre à l’unique action du drame : l’annonce, par Titus, du choix qu’il a fait de quitter Bérénice, et ce durant 5 actes.

o      strict respect des 3 règles du théâtre classique : unités de lieu de temps et d’action et un décor extrêmement dépouillé (pour Phèdre, 1 tabouret)

VOIR : Phèdre de Patrice Chéreau et Dominique Blanc
https://www.youtube.com/watch?v=tVojvGK7wHM


  

Triste Amérique

Wounded Knee :

Point final de la conquête de l'Ouest : 29 décembre 1880. 350 tués, dont 100 hommes, bien que le drapeau blanc ait été hissé par Big Foot. Les Indiens ne sont plus que 300 000.

Au moment du débarquement des premiers colons au début du XVII siècle (1607 en Virginie, le Mayflower 1620 à Cap Cod – Massachusetts), les Indiens sont 10 millions en Amérique du nord. Ils ont aidé les colons (cf. Thanksgiving day nov. 1621, remerciement aux Indiens qui s'est transformé en remerciement à Dieu qui a donné ses bienfaits aux « pères pèlerins »). Les « pères pèlerins » calvinistes, ont fui l'Angleterre et sa religion anglicane dirigée par le Roi, autorité qu'ils ne reconnaissent pas plus que celle du pape ; ils sont à l'origine de la création de multiples églises chrétiennes protestantes qui ne reconnaissent que l'autorité de la Bible, églises dans lesquelles Dieu donne à ses fidèles les richesses du Monde...

1755 : 1 million de colons

1790 : 4 millions

1830 : 13 millions

1890 : 63 millions

Les Indiens de plus en plus acculés au Mississippi, et l'ont traversé dès le début du XIX siècle.

1830 : Indian Removal Act : déportation des Indiens dans le « désert » des grandes plaines.

1848 : migrations vers l'ouest des mormons persécutés par les luthériens bien pensants (des dizaines de milliers de colons avec leurs chariots, ça commence à se voir…) et en même temps la ruée vers l'or. Les indiens gênent, c'est le début du vrai génocide, il ne prendra que 40 ans. Et il atteindra son acmé après la fin de la guerre de Sécession (1861-1865).

Sans questions et sans scrupules, on est loin de Charles Quint et de la Controverse de Valladolid en 1542 …

Le mode d'action : tuer les bisons, incendier les grandes plaines, inoculer la variole, faire donner l'armée. La main d’œuvre est nombreuse et peu chère après la fin de la guerre de Sécession…

1924 : attribution de la citoyenneté américaine aux Indiens, à ceux qui restent…

Alexis de Tocqueville (1832) : « Au milieu de cette société si policée, si prude, si pédante de moralité et de vertu, on rencontre une insensibilité complète, une sorte d'égoïsme froid et implacable lorsqu'il s'agit des indigènes ».

Le système éducatif américain aujourd'hui entretien une ignorance totale de cette histoire.
Création du premier et seul musée indien à Washington : 2004…

Misère des réserves...




 
L'aide aux personnes persécutées et pourchassées en France
pendant la seconde guerre mondiale : une forme de résistance.


Ce travail a été réalisé par Margot MORISOT (4èm Collège Bousquié à Quillan) et Arthur MORISOT (1ère Lycée Ruffié à Limoux), en 2008, dans le cadre du Concours National de la Résistance et de la Déportation.

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